En parcourant le dernier numéro du journal municipal, Boulogne Billancourt Information, j’ai cru lire que l’antépénultième Maire de notre ville, Jean Pierre Fourcade, aurait encaissé un chèque de six millions d’euros émis par Renault.
Imaginez ma stupeur. J’ai certes été, en tant que chef de l’opposition municipale pendant treize ans, l’adversaire politique de M. Fourcade, mais il ne m’a pas laissé le souvenir d’un malfaiteur détournant les deniers publics.
En fait, une lecture attentive révèle que ce chèque a été émis à l’ordre du Trésor public et donc encaissé par le comptable public. Ouf ! Ce n’était qu’une présentation en trompe l’œil.
Mais il y a une accusation : ce « prêt » aurait été caché aux élus municipaux.
Contre cela je m’inscrits en faux.
Pour ne pas entrer dans les détails d’une opération complexe je me bornerai à rappeler trois faits :
1) En 2003, avant la création de la ZAC Seguin-Rive de Seine et de la SAEM chargée de son aménagement, la société Renault, propriétaire de l’Ile Seguin, a fait à la Ville une offre de concours qui comportait l’engagement de vendre la pointe aval de l’Ile Seguin à François Pinault et de verser près de quarante millions d’euros au titre de l’aménagement de la future ZAC dont dix auraient été à la charge de Pinault.
2) En 2004, Renault a versé six millions d’euros à valoir sur sa participation à l’aménagement de la ZAC.
3) En 2006, après la défection de François Pinault, un relevé de conclusions entre la Ville et Renault a acté, parmi d’autres dispositions, l’acquisition par la SAEM de la totalité de l’Ile Seguin et du remboursement des six millions d’euros devenus sans objet puisque Renault n’était plus propriétaire de l’Ile et n’avait donc pas à contribuer à l’aménagement de la ZAC.
Ce relevé de conclusions a été soumis au vote du conseil d’administration de la SAEM du 27 septembre 2006 qui l’a adopté à la quasi unanimité des voix, dont celle du maire actuel Pierre Christophe Baguet qui siégeait au titre du Conseil général. Je suis le seul administrateur à avoir refusé de l’adopter.
Le Conseil municipal a été informé du contrat et du vote des administrateurs de la SAEM.
Cela étant, j’ai dit maintes fois et je le maintiens : Jean-Pierre Fourcade a commis une grave erreur en n’exigeant pas de François Pinault, dès l’achat de la pointe aval de l’Ile Seguin, qu’il verse les dix millions dus à la Ville au titre de sa participation à l’aménagement de la ZAC et en contractant avec une coquille vide, filiale d’Artémis, holding familial de Pinault, et non avec la fondation qui devait porter le projet.
Cette bourde impardonnable aura coûté à la Ville dix millions d’euros faute d’un projet alternatif qui aurait pallié le départ du « mécène ».
Pierre Gaborit, conseiller municipal et administrateur de la SAEM jusqu’en mars 2008
Ci-après les preuves de ce que j’avance :
- Procès Verbal du Conseil d’Administration de la SAEM du 27 septembre 2006
- Relevé de conclusions ville-SAEM- Renault du 19 juillet 2006 soumis au Conseil d’Administration du 27 septembre 2006